Atelier Gaston Bachelard : Epistémologie historique et philosophie de la physique

Intervention: Daniel Parrochia (Université Lyon 3), Bachelard et le calcul tensoriel

Argumentaire :
Cet exposé, qui aurait pu aussi s'intituler : "Bachelard avant Bachelard, Bachelard sans Bachelard", veut raconter une histoire peu connue et peu commentée dans les études bachelardiennes. En 1929, Gaston Bachelard publie "La Valeur Inductive de la Relativité", livre qui répond sans doute à "La déduction relativiste" de Meyerson, publié en 1925, mais qui est loin de se réduire à cette polémique circonstancielle. En réalité, à partir d'une analyse épistémologique précise du calcul tensoriel, cœur de la théorie de la relativité générale, cet ouvrage montre comment la mathématique, par les généralisations formelles qu'elle opère grâce à des outils puissants comme les tenseurs, est à la source de théories physiques entièrement mathématisées et de plus en plus englobantes, dans lesquelles l'expérience directe tient de moins en moins de place. En totale contradiction avec l'évolution ultérieure de Bachelard en épistémologie et ailleurs (importance de l'expérience physico-chimique, de l'instrumentation, insistance sur la phénoménotechnique, les "applications", etc.), ce livre, du reste renié par son auteur (il refusera, de son vivant, qu'il soit republié), n'en annonce pas moins, paradoxalement, la physique du XXe et même du XXIe siècle, et cela, probablement beaucoup plus sûrement que tout le reste de son œuvre. Le problème se pose donc de savoir pourquoi Bachelard s'est éloigné de ce travail, pourquoi il a cru devoir réhabiliter l'aspect expérimental de la connaissance, pourquoi enfin il a développé un type d'épistémologie – et même de philosophie – très différent de celle dans laquelle il s'engageait à cette époque. Je tenterai d'apporter des éléments de réponse à ces questions ou, à tout le moins, de formuler quelques hypothèses.

L'exposé sera suivi d'une discussion avec le public (entrée libre).