L'incertitude fondamentale et les soins palliatifs. Enjeux théoriques et pratiques de la fin de vie

"Il y a, entourant le mystère de l’irréparable, le chantier illimité des réparations qui est aussi l’atelier du travail transformateur et activiste, comme il y a, entourant l’irrémédiable de la mortalité ou quoddité mortelle la zone de la thérapeutique mélioriste qui porte remède à toutes les maladies : le désespoir de jamais vaincre le fait de la mort-en-général ne nous est-il pas dissimulé par l’espoir infini de guérir la souffrance et d’allonger la vie des hommes ?"
Vladimir JANKELEVITCH

La médecine palliative est un domaine où la fin de vie est en question à la fois comme objet d’une spécialité médicale et à la fois comme enjeu éthicosocial. Il s’y questionne le rapport que l’homme entretient à la mort, pris entre la certitude qu’elle sera nécessairement (quoddité) et l’incertitude du quand, où, comment et pourquoi (quiddité) pour reprendre la terminologie de Vladimir Jankélévitch.
En ce sens est-ce que les soins palliatifs n’inaugurent pas dans le cadre de ce que l’on appelle parfois une clinique de l’extrême, une clinique de l’incertitude ? En effet, le contexte scientifique, technologique et médical contemporain a des conséquences pour la prise en charge du mourir, notamment en ce qu’il est, par essence rétif à toute incertitude. Dans ce mouvement d’accroissement de pouvoir-faire au sein d’un contexte éminemment « progressiste », c’est à dire en quête constante de toujours plus de maîtrise, comment faire alors place à l’incertitude, en pensée et en pratique et quelles en seraient les implications ?
Dans quelles mesures la quiddité de la mort, autrement dit cette incertitude des modalités, viendrait-elle justifier un contexte institutionnel et une relation à la personne en fin de vie toujours à renouveler et à repenser en fonction de la singularité approchée, donnant ainsi du sens au thème ricoeurien aujourd’hui reconnu par la pratique palliative, du vivant jusqu’à la mort ?
 

Programme

• 09h00. Accueil
   
• 09h30-10h00. L’incertitude fondamentale. La fin de vie pensée à l’aune de V. Jankélévitch
  Elodie Lemoine, Doctorante en philosophie, Chargée de mission Espace Ethique Rhône-Alpes
   
• 10h00-10h30. L’accompagnant, funambule de la relation
  Tanguy Châtel, Sociologue, Formateur-conférencier, Paris
   
• 10h30-11h00. Pause
   
• 11h00-11h30. Demander l'euthanasie : une façon de rester vivant
  Dr Gisèle Chvetzoff, Oncologue et médecin de soins palliatifs, Coordonnateur du Département de soins de support, Centre Léon Bérard, Lyon
   
• 11h30-12h00. Relations de soins : vérité ? mensonge ? incertitude ?
  Pascale Vassal, Chef du service de l’USP CHU Saint Etienne, présidente du conseil scientifique de l’Espace Ethique Rhône-Alpes
   
• 12h00-12h30. Table ronde animée par Régis Aubry et Jean-Philippe Pierron
   
• 12h30-14h00. Pause repas

• 14h00-14h30. La fécondité possible du doute en fin de vie
  Régis Aubry, Président de l'observatoire national de la fin de vie
   
• 14h30-15h00. Pour une critique de la notion de fin de vie
  Patrick Baudry, Professeur des universités en sociologie, Université Bordeaux Montaigne
   
• 15h00-15h30. Pause
   
• 15h30-16h00. Le mourant, un semblable ? Incertitudes de la reconnaissance
  Agata Zielinski, Professeur agrégé de philosophie, Faculté de Médecine, Université de Lorraine
   
• 16h30-17h00. Les soins palliatifs : une clinique de l'incertitude ?
  Jean-Philippe Pierron, Philosophe, Faculté de philosophie, Université Jean Moulin
   
• 17h00-17h30. Table ronde animée par Tanguy Châtel et Pascale Vassal