Séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative | Philosophie de la connaissance et du langage

Séance 3 : Philosophie de la connaissance et du langage

Iris Brouillaud (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne) :

"Est-il pertinent d’adopter une vision relativiste au sujet de certains désaccords ?"

Les théories sémantiques du « nouveau relativisme » ont la prétention d’être les plus aptes à rendre compte de certains types de désaccords, caractérisés comme « sans faute » (faultless) : A juge que p, B juge que non-p, pourtant ni A ni B n’ont commis d’erreur (Kölbel 2004). De tels désaccords semblent se manifester dans certains domaines de discours, en particulier ceux concernant des préférences gustatives, mais aussi ceux mettant en jeu des prédicats esthétiques, des modalisateurs épistémiques, des prédicats moraux… Les « nouveaux relativismes » en fournissent des théorisations sémantiques où un paramètre d’évaluation, tel qu’un standard de goût, intervient dans l’attribution d’une valeur de vérité (relative) à un contenu de jugement sans contribuer directement à ce contenu. Mais quel est le statut exact des explications sémantiques obtenues ? L'idée même de désaccord sans faute est-elle cohérente ?

Après avoir exposé les motivations, mérites et limites de la notion de « désaccord sans faute » et de son traitement relativiste, je présenterai une piste d’analyse négligée dans ces débats, qui revient d’une part à réinscrire le désaccord dans une pratique dialectique plus large et d’autre part à souligner une certaine confusion entre les registres descriptif et normatif qui obscurcit parfois ces discussions.
 
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