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Séminaire JCPA | Philosophie normative, philosophie de l'esprit et de l'action

Evènement | 18 novembre 2025

Intervention de Gaïa VU NGOC (Université de Rennes), mardi 18 novembre, dans le cadre du séminaire Jeunes Chercheurs de Philosophie Argumentative.

Séance 1 : Philosophie normative, philosophie de l'esprit et de l'action


Gaïa Vu Ngoc (Université de Rennes) : "Définir la valeur sentimentale"


Résumé :
Nous accordons de la valeur sentimentale à de nombreux objets. Il peut s’agir d’un souvenir de vacances, du cadeau d’une amie, du collier hérité de notre arrière-grand-mère, ou encore d’une chanson que l’on écoutait il y a des années. Ces objets sont loin d’avoir tous une valeur intrinsèque : beaucoup n’ont ni valeur esthétique, ni valeur monétaire, ni valeur instrumentale évidente. Pourtant, ils font partie des objets les plus importants à nos yeux. Perdre un album photo de famille, les lettres d’un bien-aimé ou le premier dessin de notre enfant serait pour nous tragique.

Malgré l’importance personnelle qu’ils revêtent, la nature des objets sentimentaux a été très peu considérée en philosophie. Comment les caractériser à part entière ? Dans cette présentation, je propose une analyse de ce qu’est la valeur sentimentale – ou plutôt ce à quoi revient avoir de la valeur sentimentale. Plus précisément, je défends l’idée qu’un objet x a de la valeur sentimentale pour une personne P si et seulement si P est attaché à x en vertu du fait que x lui rappelle une chose y qui est importante pour P. Je commence par montrer que les définitions existant dans la littérature (Hatzimoysis 2003, Fletcher 2009, DuFord 2017) sont toutes insuffisantes et j’en tire plusieurs critères qui semblent nécessaires pour caractériser la valeur sentimentale – comme par exemple le fait pour l’objet de pouvoir rappeler une personne aimée autant qu’un moment seul. Puis je présente et argumente en faveur de ma propre analyse. Cela m’amène à présenter la notion d’attachement, d’importance personnelle (souffrant toutes deux aussi d’un relatif flou philosophique) ainsi que ce que signifie se rappeler (to remind) – en défendant notamment que ce rappel passe par une représentation de la chose rappelée, rendue possible par le fait que les objets sentimentaux agissent comme des signes. Dans le reste du temps imparti, je situerai la valeur sentimentale dans le contexte axiologique développé depuis Moore. En particulier, une question qui agite les philosophes est celle de la valeur finale (i.e. la valeur d’une chose en tant que fin en soi). Dans ce cadre, je me demanderai s’il est possible de considérer la valeur sentimentale comme un exemple de valeur finale extrinsèque – à savoir, la valeur qu’un objet possède en tant que fin en soi en vertu de ses propriétés extrinsèques –, concept introduit par Korsgaard (1983) et maintenant défendu par de nombreux philosophes (Rønnow-Rasmussen 2011, Tenen 2020).

Cette présentation permet donc de mettre en lumière un concept trop peu traité et pourtant central dans nos vies, par une définition originale visant à fournir des conditions nécessaires et suffisantes. Fort de cette analyse, le concept de valeur sentimentale peut alors être replacé dans le débat plus général de la théorie de la valeur, permettant ainsi de montrer la variété des manières dont un objet peut constituer une fin en soi.

 
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Contact

Vasiliki Xiromeriti et Frédéric Schwartz

vasiliki.xiromeriti@univ-lyon3.fr;frederic.schwartz1@univ-lyon3.fr

Type

Colloque / Séminaire

Thématique

Philosophie, Recherche, Doctorat